Cette campagne vise à mettre en évidence les situations qui posent question à l’échelle de la chaîne agro-alimentaire. Certaines pratiques de certains maillons lèsent en effet les deux extrémités de la chaîne : les agriculteurs et les consommateurs!
1. Une mauvaise répartition de la marge et un manque de transparence
Au sein de la chaîne agroalimentaire, la répartition des marges semble inéquitable et à tout le moins opaque.
Le premier et le dernier maillon de la chaîne en sont les principales victimes. Parce que quelques chiffres sont souvent plus parlants que de longs discours, jetez un œil au tableau ci-dessous :
Comme on le voit, la répartition de la marge est en grande partie monopolisée par les intermédiaires qui se trouvent entre le producteur et le consommateur. Bien entendu, ils fournissent un service qui engendre des coûts, mais le manque de transparence est criant.
BOEUF
Coût de production
5,50€/Kg
Payé à l’agriculteur
4,75€/Kg
Prix consommateur
17,00€/kg
PORC
Coût de production
1,40€/Kg
Payé à l’agriculteur
1,40€/Kg
Prix consommateur
10,00€/kg
PATATES
Coût de production
0,12€/Kg
Payé à l’agriculteur
0,12€/Kg
Prix consommateur
1,50€/kg
CÉRÉALES
Coût de production
0,16€/Kg
Payé à l’agriculteur
0,13€/Kg
Prix du pain =
x50 en 50 ans!
LAIT
Coût de production
0,40€/L
Payé à l’agriculteur
0,33€/L
Prix consommateur
1,00€/L
Le saviez-vous ?
– En viande bovine, nous assistons depuis 5 ans à un phénomène doublement pénalisant : un prix d’achat qui ne cesse d’augmenter pour le consommateur, et une rémunération sans cesse à la baisse pour l’éleveur alors que ses coûts de production augmentent.
– Pour les produits agricoles les plus volatiles sur le marché comme la pomme de terre ou le blé, lorsque le prix payé au producteur est à la hausse, le prix des produits dérivés (notre cornet de frites national ou notre pain par exemple) part à la hausse. Par contre, si l’année suivante le prix payé au producteur est à la baisse, le prix des produits dérivés, lui, ne baisse pas…
– En 1990, le prix du blé payé au producteur tournait autour des 0,18€/kg. Aujourd’hui, il est de l’ordre de 0,15€/kg.
2. Des pratiques déloyales
Le déséquilibre est manifeste au niveau des droits des producteurs dans les contrats qui les lient à leurs acheteurs.
Vous trouvez ça normal?
3. Un étiquetage défaillant
Les consommateurs devraient avoir une information plus précise quant à l’origine des produits qu’ils sont amenés à acheter.
Pour le producteur, il n’est pas normal que des denrées produites à l’étranger (hors UE), souvent selon des normes environnementales, sanitaires et de bien-être animal bien moins exigeantes que les nôtres, viennent concurrencer nos producteurs.
Ex : l’étiquetage de la viande transformée (de type haché ou plat préparé) ne doit pas obligatoirement mentionner l’origine de la viande de départ mais juste le lieu de transformation. De plus, la grande distribution met souvent davantage en avant les produits étrangers (notamment les viandes) par rapport aux produits belges, moins bien présentés.
Pour conclure
Nous tenons à préciser que les facteurs à l’origine de la situation actuelle en agriculture ne sont pas uniquement liés à la situation que nous dépeignons ici quant au fonctionnement de la chaîne agroalimentaire.
Les décisions prises au niveau européen dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC) ainsi que les discussions liées aux accords commerciaux internationaux sont notamment deux autres facteurs qui dictent la santé de notre secteur. Un secteur qui mange son pain noir depuis de trop nombreuses années…
La société dans sa globalité doit s’inquiéter de cet état de fait, car si aujourd’hui c’est l’agriculture qui s’inquiète pour son avenir, il ne faut pas oublier qu’il n’y a tout simplement pas d’avenir sans agriculture !